Etapes de fabrication

 Les couteaux fabriqués en "stock removal" (aussi dit usinés) ne sont pas forgés.

  1. Détourage
    Le point de départ est un plat d'acier. Le choix de la nuance est déterminante quand à l'utilisation finale (voir Les matières). Il faut tracer le profil de la lame, puis découper grossièrement l'acier. La forme définitive est obtenue par abrasion.

  2. Guillochage
    L'acier étant dans son état le plus "tendre", c'est le moment idéal pour réaliser les guillochages. Il s'agit des motifs réalisés à la lime sur le dos de la lame (quelques exemples ici Guillochage).

  3. Traitements thermiques
    Il faut maintenant faire subir à la lame plusieurs traitements thermiques, afin de lui conférer les propriétés nécessaires. C'est lors de ces étapes qu'il faut trouver l'équilibre entre la dureté et la souplesse, en fonction du type de couteau et de l'usage souhaité (voir Traitements thermiques). Le poinçon est également appliqué à ce moment là, dans le cas d'un poinçonnage à chaud. 

  4. Emouture
    Il faut maintenant usiner les biseaux principaux de la lame, c'est à dire lui donner un profil "triangulaire", du plus épais au dos, vers le plus mince au niveau du fil. Cette étape est réalisée à main levée sur une ponceuse à bande spécifique appelée backstand.
    Le travail commence avec un grain très grossier (24 ou 36) pour enlever beaucoup de matière rapidement, puis continue avec des grains de plus en plus fins. Ici chacun sa "recette magique" : personnellement, les grains utilisés sont en général : 36, 80, 120, 240, 320, parfois 600 voir plus fin.



    Il s'agit probablement de l'étape que demande le plus de doigté... et une certaine prudence. Une bande céramique en grain 24 à pleine vitesse (~100km/h) grignote l'acier très vite, et les doigts encore plus !

    Autre point, et non des moindres, les importants frottements génèrent - beaucoup - de chaleur. Il faut veiller à ne pas surchauffer la lame, au risque de détruire les traitement thermiques précédemment réalisés. Il faut donc régulièrement refroidir la lame dans de l'eau pour la préserver, et accessoirement éviter une indésirable cuisson des doigts !

    C'est lors de cette étape que la géométrie de la lame est établie, elle doit être symétrique (sauf cas particuliers), régulière, de la bonne épaisseur...

    L'émouture peut être intégrale, partielle, plate, concave ou convexe en fonction de l'utilisation de la lame :



    A : plate partielle : le type le plus courant et polyvalent
    B : plate intégrale : idéal pour les couteaux de cuisine surtout ceux à lame larges du type "chef"
    C : convexe : très résistant, au détriment du pouvoir de coupe
    D : concave ou creuse : tranchant rasoir, mais lame plus fragile
    E : ciseau : pour les ciseaux à bois, ou certains couteaux de cuisine (attention, le biseau doit se trouver du bon coté selon que l'utilisateur est gaucher ou droitier !)

    A noter qu'il est possible d'effectuer une pre-émouture avant les traitements thermiques. On s'assure dans ce cas de laisser une épaisseur suffisante au niveau du futur fil de la lame pour éviter les déformations ou les casses lors de la trempe.

  5. Finition / polissage
    L'état de surface après l'émouture doit être "propre" et régulier, mais il reste de nombreuses rayures causées par l'abrasion à la bande. La lame est donc polie à la main avec du papier abrasif.
    Il s'agit d'une étape longue et fastidieuse, mais nécessaire pour obtenir un état de surface satisfaisant. Les 1ers grains utilisés varient, mais dans le cas classique, j'utilise du 240, 320, 400, 600, 800 puis 1000 et éventuellement 1500 et 2000. Un passage au touret à polir avec une frotte coton permet de révéler l'éclat de la lame.

    Le brillant final est déterminé par la qualité du polissage, et la finesse du grain utilisée à la fin. Ici, il est également question de préférences personnelles, certains aiment les polis miroir, d'autre non.

    Travaillant uniquement des aciers carbones, je pousse rarement le polissage jusqu'au rendu miroir "parfait". En effet, dès les premières utilisations, la lame va s'oxyder et acquérir une patine grise qui atténue fortement le brillant.

    A ce stade, la lame est terminée, il ne reste plus qu'à l'habiller.

  6. Montage
    Une fois la matière du manche choisie, il faut tailler les plaquettes et les percer.
    Les différentes partie du manche, grossièrement formées, sont collée et rivetées à la lame.
    La forme finale du manche est réalisée par abrasion, au backstand, puis à la main.

    Pour protéger le bois, j'applique plusieurs couches d'huile de tung ou de lin bouillie. Ces huilent polymérisent pour former une couche protectrice mais ont également l'avantage de pénétrer dans le bois pour une meilleur protection.

    Attention tout de même, cette protection n'est que partielle, et le manche ne supporte en général pas très bien une immersion prolongée !

  7. Etui
    A venir...

  8. Affutage
    Dernière étape, il faut créer le fil, c'est à dire créer le biseau secondaire qui donne à la lame son tranchant.
    L'angle varie en fonction du type de lame :
    - 18° à 20° pour un couteau classique,
    - 15° pour un couteau de cuisine rasoir (attention ! dans ce cas le fil est vraiment fragile)
    - 20 à 25° pour un couteau bushcraft
    - 30° pour une hache

    Le fil est réalisé au backstand, à faible vitesse et avec une grain très fin, passé à la frotte coton, puis terminé au cuir.










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